La ruée des épargnants vers le nouveau bon d’État se poursuit, mais les limites en matière de virements et les délais d’attente compliquent la souscription.
Ce résultat pulvérise largement le record du “bon Leterme”, grâce auquel l’État avait levé 5,7 milliards d’euros il y a de cela 12 ans. Selon Jean Deboutte, directeur de l’Agence de la dette, la récolte est largement supérieure aux attentes. Il y a d’ailleurs fort à parier que le montant final sera nettement plus élevé. Les épargnants peuvent souscrire jusqu’au vendredi 1er septembre. Le cap des 20 milliards d’euros semble être une possibilité réelle.
Montants des virements plafonnés
Certains problèmes sont toutefois apparus ces derniers jours au niveau des souscriptions, explique Jean Deboutte. “Nous recevons malheureusement de nombreuses plaintes indiquant que le relèvement de la limite pour effectuer le virement ne se fait pas sans heurts. De nombreuses personnes sont frustrées par le fait que les banques n’autorisent pas les transferts immédiatement parce qu’elles suivent certaines procédures à partir de certains montants. Certaines personnes pensent que c’est l’Agence de la dette qui leur a opposé un refus, mais ce n’est pas le cas.”
Les épargnants qui souhaitent souscrire au nouveau bon d’État pour des montants importants peuvent donc être confrontés à ces limites, et ce, qu’ils souscrivent directement auprès de l’Agence de la dette ou via leur banque.
Pour éviter d’éventuels abus, les banques ont plafonné les montants que les clients peuvent transférer par jour ou par semaine. Chez ING Belgique et BNP Paribas Fortis, cette limite est de 25.000 euros par jour pour un transfert en ligne. Chez KBC, elle est de 10.000 euros et chez Belfius, elle est de 25.000 euros par semaine. Les limites sont généralement plus basses pour ceux qui souhaitent effectuer un virement en utilisant leur application bancaire.
Les épargnants qui souhaitent souscrire au nouveau bon d’État pour des montants importants peuvent donc être confrontés à ces limites, et ce, qu’ils souscrivent directement auprès de l’Agence de la dette ou via leur banque.
Les banques permettent néanmoins à leurs clients d’augmenter temporairement leurs limites pour permettre des transferts importants. Mais cela peut prendre du temps, parfois plusieurs jours ouvrables. Les épargnants qui se heurtent aux limites imposées par leur banque risquent par conséquent de ne pas pouvoir investir la totalité du montant souhaité dans le nouveau bon d’État.
Contournement des procédures
Les épargnants cherchent donc à contourner les procédures. “Ma femme et moi voulions investir 100.000 euros dans le bon d’État et avions placé cet argent sur un compte de bpost Banque”, raconte un épargnant préférant garder l’anonymat. “Mais à l’agence, on m’a dit que la banque n’était pas habilitée à effectuer des transferts de cette ampleur. On ne nous a pas dit ce que nous pouvions faire. Nous sommes donc allés chez KBC, mais on nous a dit que le transfert de notre argent de bpost Banque vers la KBC pouvait prendre dix jours ouvrables. Dans ce cas, il n’était plus possible d’investir dans le bon d’État. Nous avons donc fini par procéder par tranches. Le premier jour, ma femme et moi avons souscrit pour 25.000 euros chacun et nous avons fait de même le deuxième jour. Ce n’est quand même pas une façon de procéder, n’est-ce pas?”
“Les doubles transferts entraînent des frais administratifs supplémentaires, alors que la campagne représente déjà un travail considérable. Nous demandons à chacun de bien coopérer.”
Les agences bancaires et les call centers sont inondés de questions sur le bon d’État, ce qui ralentit encore le processus pour les investisseurs souhaitant augmenter les limites pour leurs virements. “Lorsque vous appelez KBC Live, vous tombez au bout de quelques minutes sur un répondeur qui vous demande de rappeler plus tard”, soupire un épargnant.
Les clients peuvent demander à leur banque d’augmenter temporairement les limites pour leurs virements. Le délai dépend de la banque et les différences peuvent être importantes. Chez BNP Paribas Fortis, par exemple, l’augmentation en ligne des limites n’est effective qu’après deux jours. ING Belgique, quant à elle, parle d’un délai de quatre heures. Belfius et KBC n’ont pas répondu à nos demandes d’information à ce sujet pour le moment.
Souscriptions multiples
Afin de pouvoir aider leurs clients, les banques effectuent parfois de multiples souscriptions au lieu d’augmenter les limites. Le personnel de l’Agence de la dette n’est pas très satisfait de cette situation, sachant qu’elle entraîne un surcroît de travail au sein de l’Agence, explique Jean Deboutte. “Inutile de dire que nous n’apprécions pas vraiment cela. Quoi qu’il en soit, la campagne demande beaucoup de travail. Nous demandons à chacun de coopérer“.