Fêtes de Wallonie 2023 à Namur: Daddy K, ” vieux cordonnier ” du hip-hop


C’est un peu ma deuxième ville de cœur après Bruxelles. Je me souviens notamment y avoir fêté mes 20 ans de carrière. C’est là que j’ai rencontré mon manager. Il est Namurois (NDLR Dimitri Delecaut) et il organisait ce concert anniversaire. Depuis, on a tissé de vrais liens d’amitié.

Vingt ans, c’était déjà pas mal. Et la carrière continue…

On dépasse les 35 ans maintenant. Ça fait un sacré bout de temps que je suis là, que je sillonne les villes de Belgique et d’ailleurs. J’ai cette chance-là, oui.

Les Fêtes de Wallonie, c’est l’événement populaire par excellence. Vous en tenez compte pour élaborer votre play-list ?

J’ai toujours une playlist de base. Après, je l’adapte en fonction des publics. Cela oscille entre des titres plus populaires et des choses plus pointues quand il s’agit d’un événement branché. Mon public est en général plutôt familial et il brasse toutes les générations. J’alterne donc entre des morceaux plus nostalgiques et d’autres plus actuels, pour les plus jeunes.

Les musiques urbaines n’ont jamais eu autant la cote qu’aujourd’hui. Et vous y êtes un peu pour quelque chose.

Je suis très fier que la musique urbaine soit devenue n° 1 dans le monde. Le rap est la musique qui se vend le mieux. Avec mes groupes, mon travail à la radio, mes DJ sets, je pense avoir apporté ma pierre à l’édifice. Mais au début, on faisait ce qu’on aimait, c’est tout. On ne pensait pas devenir un jour des pionniers.

Du fait de cette popularité, est-il plus facile de percer en 2023 qu’il y a 35 ans ?

Oui et non. Avec les réseaux, vous pouvez toucher le monde entier en un clic alors qu’à mon époque, on devait toquer à toutes les portes. Mais le revers de la médaille, c’est qu’il faut pouvoir se démarquer parce que le monde entier a aussi l’opportunité de s’exprimer sur ces canaux. L’avantage, c’est qu’il ne faut plus expliquer ce qu’est le rap ou le break-dance, tout le monde sait. Nous, on démarrait de zéro. Il y a toujours des galères mais elles sont différentes.

À 55 ans, vous évoluez dans un milieu qui a les faveurs de la jeunesse. Vous ne craignez pas le coup de vieux ?

Non parce que j’ai toujours envie de montrer des choses. En tant que DJ notamment, je continue à utiliser des vinyles et à proposer un vrai show technique comme dans les années 90 quand on faisait des compétitions. Les plus jeunes ont de l’intérêt pour ça. Ils découvrent sans cesse. En quelque sorte, l’héritage se transmet et je me sens comme un vieux cordonnier qui a son savoir-faire.

Restez-vous au fait de ce qui se fait chez les artistes émergents ?

Bien sûr. Il faut toujours prêter attention à ce qu’il se passe. Étant aussi à la radio (NDLR sur NRJ et sur Tarmac), je dois suivre la nouvelle génération. J’essaye de la pousser comme je peux, avec mes petits moyens. Il y en a tellement que j’ai vu grandir: Stromae, Soprano, DJ Snake, etc.

Avez-vous un conseil à donner à un petit jeune qui se lance ?

Il n’y a pas de secret: il faut travailler non-stop et être respectueux. Il ne faut pas être motivé par la célébrité et l’argent. Le principal moteur, c’est la passion. Quand tu transmets ça et que tu as ensuite un retour du public, c’est la plus belle histoire d’amour qui soit.

Les conseils du DJ : à chaque chanson son petit effet

La chanson qui met l’ambiance à tous les coups, c’est…

Ouf, il y en a tellement. Celle qui met tout le monde d’accord c’est Freed from desire de Gala. Il y a beaucoup de nostalgie pour les années 90 en ce moment.

Et celle qui fait fuir le public ?

Ramenez la coupe à la maison de Vegedream, avec les Belges, ça ne passe pas. Le souvenir de la Coupe du monde de football et la défaite contre la France restent en travers de la gorge. Quand je mets ça, je coupe au moment du refrain et je fais chanter “allez les rouges” plutôt qu’ “allez les bleus”.

Un titre qui échauffe les esprits ?

J’aime bien mettre un morceau de “trap” bien dur. J’invite les gens à former un cercle et à lancer un pogo. S’il y a un mauvais coup qui se perd, ça peut mal tourner.

À l’inverse, quelle chanson adoucit les mœurs ?

I Will always love you par Withney Houston.

Et celle sur laquelle on a le plus de chance d’”emballer” ?

Malheureusement, tu ne risques pas d’entendre ça en festival. Le quart d’heure américain avec des slows comme dans La Boum, c’est fini.

Les concerts coups de cœur dans les quartiers

Redneck Brass Band

Si Joe Strummer, Johnny Cash, Lemmy et Ginger Baker font désormais cramer les oreilles de Belzébuth, il ne faut pas à attendre de passer l’arme à gauche pour trouver un super-groupe d’enfer. Près de chez nous, il y a Redneck Brass Band. Biberonné aux disques de Sun Records, le quatuor distille son répertoire original avec énergie, humour et simplicité. Une combinaison qui prend sa source au delta du Channel et du Bocq.

Ponts Spalaux, sa. 16 à 18 h 30

Loulou Players

Le monde entier s’arrache Jérôme Denis alias Loulou Players… Superstar des podiums en Argentine, au Brésil, à Ibiza ou encore à Tomorrowland, le DJ ne tourne pour autant pas le dos à sa terre natale qu’il revisite régulièrement. Sa prestation aux Fêtes de Wallonie sera l’occasion pour les clubbeurs namurois nostalgiques de revivre les soirées Music Please, lancées il y a tout juste 20 ans par celui qui allait devenir le prodige des dancefloors.

L’Ange, ve. 15 à 23 h 30

Brasero

Vingt-et-un ans déjà que Pierre Rapsat a rejoint le royaume des anges. Mais la mémoire et la musique de l’attachant auteur-compositeur verviétois perdurent grâce au concours d’Olivier Fivet. L’artiste originaire de Dhuy porte la voix de “Pierrot” depuis un peu plus de dix ans. Brasero n’est pas un “simple” coverband, c’est une véritable célébration adoubée par les fans de Rapsat eux-mêmes. À voir sur la place de l’Ange… Une évidence.

L’Ange, lu. 18 à 17 h 30

Les Slugs

Londres avait les Sex Pistols. New York avait les Ramones. Et la Wallonie a les Slugs. Toujours en activité depuis leurs débuts en 1981, les légendes du punk wallon n’ont rien perdu de leur verve. En témoigne leur dernier album en date, Je ne suis pas ton ami, un brûlot qui tape sur la déforestation, le nucléaire, les tournées minérales, etc. Chez les Slugs, l’engagement se marque dans les textes et les prestations scéniques. Le genre de concerts dont on profite entre potes, en rêvant à un monde meilleur.

Arsouilles, di. 17 à 20 h

Kelsos

Quelle sauce ? Nombreux sont les fêtards qui se poseront la question au moment de choisir un en-cas durant les “Fièsses”. Et pourquoi pas la sauce Kelsos ? Le combo d’origine dinantaise revisite les standards de la musique balkanique mâtinés de funk et de ska. Un cocktail détonant qui se savoure debout sur les tables plutôt qu’allongé dans un transat. Les huit musiciens s’étant rencontrés sur les bancs de l’IMEP, il y a du niveau.

L’Ange, sa. 16 à 21h et lu. 18 à 21 h 30



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