Namur : les résidents de l’Harscamp pour la dernière fois aux premières loges des Fêtes de Wallonie


Pour célébrer ce centenaire, L’Avenir a choisi de donner la parole aux aînés. À eux de raviver le souvenir des Fièsses d’antan, de juger de leur évolution à travers les époques et de lever le voile sur la manière dont ils vivent l’événement aujourd’hui, avec l’âge qui est là. Ils sont la mémoire de Namur.

Rendez-vous à l’Harscamp, l’historique maison de repos du centre-ville fondée en 1812 et gérée, depuis les années 70, par le CPAS. Au sein des résidents, il y a beaucoup de Namurois, tantôt pure souche, tantôt d’adoption, mais tous viscéralement attachés à leur ville et à ses Fêtes. “Pour moi c’était un événement important. J’étais ouvrier à la Ville de Namur et j’habitais au 12, rue Émile Cuvelier, confie Roger Grégoire, 82 ans. J’étais très bien placé pour les Fêtes de Wallonie. Une chose que j’appréciais, c’est la marque Jupiler. Vous ne le répéterez pas hein ? !”

Marie-Jeanne Badot, quant à elle, avait ses habitudes en famille, le vendredi. “Les enfants passaient me chercher puis ils me ramenaient. J’étais déjà en état de décomposition”, plaisante l’octogénaire. Guindailleuse modérée, elle faisait l’impasse sur le samedi et le dimanche. Le temps de reprendre des forces pour le tant attendu lundi des Namurois. Une journée symbolique qui a un peu perdu de sa substance, selon la résidente de l’Harscamp. “Cela s’est transformé en un lundi où il y a beaucoup d’extérieurs… À Charleroi, Bruxelles et Liège, ils ont leurs fêtes. Pourquoi viennent-ils à Namur ?” s’étonne Marie-Jeanne. Mais lorsqu’on lui demande d’épingler un souvenir de ses Wallo, elle raconte avoir adoré pousser la chansonnette avec William Dunker, un artiste… carolo. “On ne savait pas qu’il était de Charleroi”, répond l’ancienne institutrice qui a toujours mis un point d’honneur à faire bonne figure devant sa classe le lendemain de la veille. “Autour de moi, tout le monde prenait congé le mardi.”

“C’était mieux avant”

Il y a un peu de nostalgie dans le chef de nos interlocuteurs à l’évocation des Fêtes de leur jeunesse. “C’était mieux avant”, affirme Jeannine Lignon, 85 ans. Son “avant” à elle, remonte à quand elle était petite fille. “Je venais en étant gamine. Mon frère me faisait danser sur la place Marché aux légumes. J’ai fait toutes les fêtes.”

Originaire de Beauraing et arrivée sur le tard dans la Capitale wallonne, Marie-Stéphane Pigeon, surnommée Fanny, a immédiatement adopté l’événement. Lors des dernières éditions, elle a encore battu le pavé en recherche de sensations festives… Après un apéro à la résidence, on a refusé de lui servir une bière spéciale dans un cabaret du centre-ville. “Ils ont appelé l’ambulance… et je me suis trompée d’adresse. Je me suis retrouvée à l’Hastedon”, se souvient celle qui a également assisté à l’enterrement de l’Arsouille à deux reprises. “La première fois, le mort a “r’viké”. Il avait un besoin urgent.” Pour Fanny, les Wallo sont aussi l’occasion d’assouvir sa passion pour la musique. “Je suis à fond Beatles. Je suis donc allée voir Abbey Road, l’année dernière. J’étais loin du podium. Je n’entendais rien d’autre que “boum boum”.”

Roger affirme que l’âge n’est pas un frein lorsqu’il s’agit de profiter des Fêtes. “Il faut toujours que j’aille faire une petite promenade dans Namur. Chaque fois, je me dis qu’on a de la chance, c’est une des plus belles villes de Belgique.”

Le petit groupe fendra-t-il la foule ce week-end, à l’occasion du centenaire de l’événement ? Je ne vais pas aller fêter la Wallonie avec ma tribune, répond d’emblée Marie-Jeanne en désignant son déambulateur.

Ce sera en tout cas les dernières Fêtes auxquelles les résidents assisteront aux premières loges. Au lendemain de l’événement, l’Harscamp déménagera en effet dans des infrastructures ultramodernes, à Salzinnes. Une sacrée page d’histoire se tourne.


Le déménagement à Salzinnes étalé sur trois jours à la fin du mois

Les résidents de l’Harscamp rencontrés dans le cadre des Fêtes de Wallonie nous ont confié avoir un pincement au cœur à l’idée de s’éloigner du centre-ville pour aller vivre dans un bâtiment flambant neuf à Salzinnes. «On quitte une implantation historique, certes, mais qui est aussi vétuste», commente Philippe Noël (Écolo), président du CPAS.

Les 25, 26 et 27 septembre prochains, toute la population de l’Harscamp investira les nouvelles infrastructures. «C’est un challenge parce qu’il y a les aspects matériels mais aussi et surtout le déplacement des résidents, parmi lesquels des personnes parfois extrêmement dépendantes, explique le mandataire. Cela doit se faire dans la sérénité.» Plusieurs réunions préparatoires ont été organisées. La dernière s’est tenue mardi après-midi.

Il en est ressorti un dispositif logistique dessiné au cordeau. Les 100 pensionnaires seront transportés sur deux jours, à raison de 25 par demi-journée, détaille Philippe Noël. «Forcément, puisque le déménagement se fait par vagues successives, il faut que les deux implantations fonctionnent pleinement, 24 heures sur 24. Cela nécessite beaucoup de coordination.» Les équipes peuvent néanmoins compter sur l’expérience acquise il y a quelques mois, lors du déménagement des résidents de la Closière vers Erpent.

20 personnes supplémentaires

Outre la volonté de se doter d’un outil moderne, le CPAS avait pour objectif d’étendre les nouvelles infrastructures à plus de bénéficiaires. Le bâtiment de Salzinnes comprend donc une résidence-service qui accueillera 20 personnes ayant l‘opportunité de fonctionner en totale autonomie. «Elles s’installeront dans un deuxième temps», précise Philippe Noël. Et le président du CPAS d’indiquer que ces appartements ont trouvé locataires dès avant la fin du chantier.



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