RTL s’est rendu dans deux villages toujours sous le choc, deux mois après la disparition d’Émile, ce petit garçon de deux ans et demi, qui s’est volatilisé au début du mois de juillet dans les Alpes-de-Haute-Provence. C’est à La Bouilladisse, commune située entre Aix-en-Provence et Marseille, que vivent les parents du petit garçon depuis plus d’un an. Au fond d’une impasse, garée sous l’escalier qui monte au domicile des parents, il y a toujours ce petit tricycle à pédale multicolore, nous rappelant que le très jeune enfant vivait ici.
Émile, tous les voisins que nous avons rencontrés y pensent chaque jour. “Le matin, quand je me lève, je pense au petit. Je regarde s’il y a de nouvelles informations. Je suis très triste, très peinée”, nous confie Mireille, qui essuie même une larme. Sur les hauteurs de cette petite commune typiquement provençale, se trouve l’église. Un lieu y a été spécialement aménagé, au fond à droite du chœur : une petite table, quelques fleurs blanches, pour que les habitants puissent s’y recueillir.
Les habitants connaissent tous la famille d’Émile. Son arrière-grand-mère maternelle y était institutrice, son grand-père a un cabinet d’ostéopathie. Maintenant, ses parents y habitent, comme plusieurs de ses neuf oncles et tantes, que Thérèse croisait très souvent à l’église : “C’est une famille extraordinaire. C’est tout ce que j’ai à dire et j’ai une immense peine pour eux. Je ne comprends pas”.
Une foi très présente, un ancrage à l’extrême-droite et une famille d’apparence renfermée sur elle-même… De nombreux ragots ont ainsi circulé sur une supposée implication des proches d’Émile dans sa disparition. Mais cette famille est avant tout victime, rappelle Thérèse, qui connaît très bien le grand-père d’Émile. “Les gens sont mauvaise langue, ils ne connaissent pas la situation, tandis que nous, on les a connus. Ils ont assez de mal comme ça avec cette disparition, il ne faut pas en rajouter”, nous dit-elle.
Enlèvement ou accident ?
Après 2h30 de route, nous nous sommes rendus au Vernet, ce village où Émile a disparu il y a deux mois. Mardi dernier, le maire a d’ailleurs décidé pour la quatrième fois de reprendre un arrêté interdisant aux non-résidents d’y rentrer. Au café du village, en contrebas, la conversation finit pourtant inévitablement par tourner autour de la disparition d’Émile. Tous les habitants nous disent qu’il est impossible qu’Émile se trouve toujours là-haut, même si le relief est très escarpé et boisé. Tout le monde explique que la zone a été extrêmement bien ratissée, plus de 96 hectares au total.
Beaucoup de pistes sont encore sur la table. Il y a déjà l’enlèvement. S’il est difficile de fuir sans être vu par la route principale en passant par le village, de l’autre côté, il y a une autre route, un chemin forestier, accidenté mais carrossable et qui rejoint directement et discrètement la départementale.
Une des autres pistes, c’est l’accident, une personne qui aurait par exemple renversé le jeune Émile en voiture ou un engin agricole et qui aurait ensuite caché son corps. Depuis fin juillet, l’enquête a été élargie aux faits “d’enlèvement, arrestation, séquestration et détention arbitraire”. Le procureur d’Aix-en-Provence expliquait que cette requalification ne présumait pas d’une avancée particulière des investigations, mais permettait aux enquêteurs d’avoir plus de pouvoir dans leurs recherches.